Dévouée à la voix de son maître et à son plaisir, elle en a oublié le reste du monde et la porte ouverte…
Depuis qu’il est parti travailler à l’autre bout de l’Europe, leur relation a changé. Forcément, ils ont dû apprendre à se voir et, surtout, à se toucher moins souvent. La transition n’a pas été simple. Eux qui étaient si fusionnels et charnels doivent désormais se contenter d’appels vidéo, parfois pendant des semaines, avant de pouvoir à nouveau mélanger leurs corps. Ces appels sont vite devenus des séances érotiques passionnées. Au début, chacun se caressait devant sa caméra, ou même parfois sans, jusqu’à ce qu’il et elle jouisse de son côté. Rapidement, cette petite routine, aussi inédite pour eux soit-elle, ne leur a plus suffi…
Alors elle a acheté des jouets. Il aime la voir enfoncer son dildo à l’intérieur de son intimité et elle adore le regarder dans les yeux, même par caméras interposées, quand elle atteint l’orgasme. Petit à petit, elle s’est rendu compte que sa voix l’excite tout autant que son corps. Cette voix qu’elle connaît depuis si longtemps, mais à laquelle elle n’avait pas prêté tant d’attention. Elle est si grave et chaude. Quand ils vivaient ensemble, il était plutôt calme, posé, sauvage parfois au lit, mais jamais directif et impatient. Et pourtant, depuis qu’il est loin, sa voix se fait de jour en jour plus affirmée, plus dure et son ton plus autoritaire.
« Lèche ton jouet, enfonce-le, retire-le ». Elle a pris goût à suivre ses envies qui de fil en aiguille sont devenus des ordres. Lui aime de plus en plus ce pouvoir qu’il a sur son sexe et son plaisir, même à distance. Elle est comme sa marionnette, mais une marionnette de chair et d’esprit qu’il contrôle à distance avec un seul but : lui donner du plaisir. La voir se soumettre et bouger l’excite plus encore que sa propre jouissance. Et elle, elle a la sensation qu’en s’en remettant à ses injonctions, elle parvient à franchir ses propres limites. C’est comme si, à chaque fois qu’elle le satisfait, toutes ses barrières et ses peurs s’affaissaient en elle.
Aujourd’hui, elle a installé l’ordinateur sur une petite table au pied du lit comme elle le fait le plus souvent. Il pourra ainsi observer chacun de ses gestes à travers la webcam. Assise en tailleur, elle attend patiemment qu’il l’appelle. Elle sait que la conversation peut débuter à tout moment, elle est prête. Parfois, il la fait languir des journées entières, simplement vêtue d’un body en dentelle qu’il lui a offert, d’une nuisette ajourée ou d’une culotte ouverte. Il adore faire ça les jours où il lui fait livrer des fleurs. Lui seul sait à quelle heure le livreur passera et la découvrira en petite tenue. En général, elle n’a que quelques secondes
pour enfiler un peignoir, et à peine le livreur parti, il l’appelle, plus excité que jamais. Aujourd’hui, il lui a demandé de laisser la porte de l’appartement entrouverte. Elle attend depuis des heures. Elle aime plus que tout ces minutes où se mélangent l’angoisse et l’excitation. Que lui réserve-t-il ? Quand elle entend la sonnerie, elle allume sa caméra. Sans même un bonjour, il lui intime l’ordre d’ouvrir la fenêtre. Il n’est pas très tard, mais la nuit est tombée très tôt, comme toujours en hiver. Elle sent un frisson de froid la parcourir quand elle revient sur le lit. Elle le sait, et lui aussi bien sûr, chaque cri de plaisir qu’elle poussera
résonnera dans la cour et sera sans doute entendu par les voisins. Il sait si bien manier ses peurs et ce qui l’excite… Ces derniers mois, elle a appris à attendre non seulement ses appels, mais aussi ses ordres. Pas question de commencer à se toucher si ce n’est pas lui qui le demande. Plusieurs fois, elle a craqué et il a simplement coupé leur communication, la laissant là terriblement frustrée. Alors, elle attend sagement malgré le vent glacé qui entre dans la chambre. Il lui demande alors de regarder sous le lit. Elle y trouve un petit coffret noir. Quand l’a-t-il déposé là ? Et est-ce lui d’ailleurs ? Elle aurait dû s’en rendre compte
puisqu’il est venu pour la dernière fois il y a un mois… Il l’autorise à l’ouvrir. Dedans, elle trouve un masque en satin noir. « Mets-le » ordonne-t-il. Elle s’exécute, un peu déstabilisée. Désormais, elle le sait, elle n’a plus que le son de sa voix pour la guider tandis que lui, même à des milliers de kilomètres, peut observer et analyser chacun de ses gestes. Il lui demande d’écarter les jambes et d’imaginer sa langue partout sur sa peau avant de lui ordonner de sucer son sextoy comme elle le ferait avec son sexe en érection puis de le passer entre ses jambes, sur ses lèvres et son clitoris, contre son anus, sans jamais s’y attarder. Elle s’exécute, sentant le désir monter au fur et à mesure.
La fenêtre est toujours ouverte, d’autres peuvent l’apercevoir, l’entendre qui commence à soupirer de plaisir. Elle n’a sans doute jamais été aussi exposée… Quand il lui intime enfin l’ordre d’enfoncer un doigt puis deux dans sa vulve, elle ne peut s’empêcher de lâcher un petit cri de soulagement. « Je t’interdis de jouir, ordonne-t-il, mais je veux que tu continues à te doigter ». La chaleur monte de plus en plus, le froid hivernal est oublié, tandis qu’elle s’abandonne totalement aux sensations dans son corps, privée de ses yeux et désormais de tout sentiment de pudeur. Son cerveau ne semble plus exister,
sa raison a lâché prise et elle n’est plus qu’un corps destiné à la jouissance. Soudain, elle sent deux mains qui entourent sa tête et un sexe en érection se poser contre sa bouche. Un instant, elle panique. Toute dévouée à la voix de son maître et à son plaisir, elle en a oublié le reste du monde, les bruits au dehors et sa porte ouverte. Elle pourrait se débattre et enlever son bandeau, mais elle ne le fait pas. Elle a beau être à la merci de ce sexe en érection et de ces mains dans ses cheveux, elle a une confiance aveugle en lui, même loin. « Ouvre la bouche » entend-elle alors. Le doute se dissipe. C’est sa voix. Son maître et son amour sont là.